Le syndrome d’Asperger

CE QU'ON APPELLAIT LE SYNDROME D'ASPERGER

Le syndrome d’Asperger, maintenant bien connu du public… ne porte plus ce nom. En fait depuis la publication du DSM-V en 2013, soit l’ouvrage de référence de diagnostic de l’American Psychiatric Association, le syndrome d’Asperger est inclus dans le TSA c’est-à-dire le trouble du spectre de l’autisme.

 

Se manifestant dès l’enfance, plus fréquent chez les garçons que les filles, cette condition neurodéveloppementale complexe peut varier de légère à sévère.

Il est noté une altération de la communication autant verbale que non verbale chez les individus atteints qui ont du mal à décoder les expressions du visage, la tonalité de la voix, l’humour, les doubles sens et le sens des gestes. Une difficulté à créer des liens est également présente, ce qui implique des problématiques à divers niveaux sociaux.

Seront également observés des comportements répétitifs et stéréotypés, dont le rôle consiste à permettre une gestion de l’anxiété ressentie. D’intelligence normale ou supérieure, outre les problématiques de communication sociale plusieurs enfants atteints éprouvent du mal à supporter le bruit, les lumières vives ou un environnement très stimulant.

Les adultes quant à eux parlent parfois de manière décousue ou trop formelle, ont des sujets de conversation souvent dominés par leurs propres intérêts et peuvent se révéler maladroits à différents niveaux.

C’est en 1944 que le pédiatre autrichien Hans Asperger décrivit 4 patients présentant des difficultés sociales et qu’il identifie le syndrome qui portera son nom.

Mais ce n’est qu’en 1981 que ses observations seront mieux connues grâce à Loma Wing, une doctoresse anglaise, qui publie une série d’études sur des enfants présentant cette atteinte. Ses observations sont largement publiées et vulgarisées amenant ainsi le syndrome sur la scène publique.

En 1994 le syndrome d’Asperger est ajouté au DSM-IV.

Peu diagnostiqué avant l’âge de 3 ans, c’est au moment de la socialisation que les véritables symptômes sont constatés. Malgré cela plusieurs apprendront la problématique dont ils souffrent à l’âge adulte seulement alors qu’ils consultent pour des difficultés liées à l’anxiété ou à la dépression découlant le plus souvent de leurs problèmes relationnels.
Il faut admettre que les caractéristiques attribuées à ce syndrome peuvent facilement se confondre avec le TDAH ou le TDA. C’est d’ailleurs souvent le premier diagnostic qui est porté aux personnes Asperger car il y a souvent également présence d’une incapacité à se concentrer ainsi que des difficultés de coordination de temps et d’espace.
La perception envers l’individu ainsi que celui-ci face à lui-même s’améliore lorsque l’entourage comprend son mode de fonctionnement suite au diagnostic adéquat établi.

De par leurs particularités comportementales, on a souvent tendance à qualifier les gens ainsi atteints de rigides ou de perfectionnistes car ils accordent beaucoup d’importance aux détails qui échappent aux autres.
Ils présentent également des champs d’intérêt précis qui parfois sortent de l’ordinaire et accumulent nombre de connaissances à ce sujet. Ce qui les amène à vouloir en discuter encore, encore et encore sans s’apercevoir du moment où cela n’intéresse plus leur interlocuteur.

Si l’Asperger relie souvent à lui-même les propos tenus lors d’une conversation c’est pour mieux se situer envers le sujet et mieux comprendre ce qui lui est rapporté, cependant cela peut être vu comme un manque d’intérêt ou d’empathie. La difficulté présente n’est pas le refus de s’intégrer ou de développer un réseau social mais souvent sa naïveté, ses bizarreries, ses attitudes et comportements inadéquats repoussent par l’incompréhension qu’ils génèrent.
Les interactions sociales sont de plus handicapées par la difficulté à décoder des indices non verbaux comme un simple sourire et cette incompréhension des modes de communication habituels peut le mener à parler trop fort, d’une voix monotone ou avec une intonation particulière.
Notons cependant que d’autres personnes ainsi atteintes seront volontairement des solitaires et s’en accommodent fort bien.

Tout comme pour d’autres syndromes il n’existe pas de remède ou de thérapie miracle mais l’aide est disponible et doit tenir compte des intérêts de l’individu afin d’instaurer diverses tâches à travers des étapes simples qui pourront retenir son attention.
Un renforcement régulier du comportement saura apprendre à l’individu ce qu’il est incapable d’intégrer naturellement, soit plus précisément ses compétences sociales ainsi que son contrôle des émotions

Article de Mireille Thibault
Auteure et ethnologue